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Comme Dieu le veut, de Niccolò Ammaniti

Par Laura Paoletti

Comme Dieu le veut, de Niccolo’ Ammaniti, (Lauréat du Prix Strega 2007) est un roman dans lequel la banalité quotidienne de la violence sociale, familiale et intime, se déroule sous les yeux du lecteur qui peut seulement décider de s’interrompre avant qu’il ne soit trop tard. Avant de s’attacher à ces personnages ; avant de perdre, à cause de cette affection, sa capacité de jugement.

Dans ce quatrième roman d’Ammaniti, une voix narratrice extérieure nous mène dans la campagne du nord de l’Italie ; elle nous porte chez Cristiano Zena, un adolescent maigre, le personnage principal de ce roman, et chez son père, Rino Zena, un chômeur alcoolisé, ignorant et nazi qui, à la place des yeux, « a deux grands trous noirs ».

Ces deux-là, abandonnés par la mère de Cristiano après sa naissance, entretiennent un rapport d’amour et de haine ; entre des cartons de pizza laissés à pourrir par terre et une maison qui tient à peine debout, entre une éducation faite de brutalité et l’initiation au « Mal », ils forment une famille où l’un s’occupe de l’autre, envers et contre tout.

Entourant ce binôme chrétien père-fils renversé, on trouve Danilo Aprea, un alcoolique hanté par la mort prématurée de sa fille Laura, et Corrado Rumitz, dit Quattro Formaggi, un homme resté fortement handicapé – dans son corps et dans son esprit – à la suite d’un accident.

Au deuxième plan, Fabiana, l’étoile filante de ce tableau, destinée à disparaître dans l’obscurité : une jolie jeune fille de bonne famille dont Cristiano est amoureux.

Et puis il y a Beppe Trecca, l’assistant social qui harcelle Rino dans l’espoir de lui enlever un jour la garde de son fils, le personnage le plus en évolution du livre.

Car les autres se révèlent être, au cours de la narration, juste ce qu’ils sont, ou comme « ils doivent être », selon ce que Dieu veut.

Cette bande d’amis avait, au fait, un projet – braquer une banque et en finir avec les galères de la vie – mais les choses prendront un autre cours.

La fin de cette histoire, implacable et terriblement juste, dessine les limites entre la violence et la santé mentale, l’enfance et l’âge adulte, comme le plus difficile équilibre et le plus inexplicable des mystères.

Un roman qui vaut la peine d’être lu quand on a envie que la morale se taise.

AMMANITI, Niccolò, Comme Dieu le veut,  traduction de Myriam Bouzaher, éditions Grasset, 2008, 542 p.

AMMANITI, Niccolò, Come Dio Comanda, Mondadori Editore, 2006, 478 p.

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