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Le Salon du Livre de Turin

Jusqu’à l’année dernière, le Salon du Livre de Turin était l’événement éditorial le plus important et prestigieux en Italie.

À la suite d’une série de polémiques et de disputes qui ont vu la naissance d’un nouvel événement, La Fiera del Libro (la Foire aux livres) de Milan « Tempo di libri », l’écrivain Nicola Lagioia a pris la direction du Salon turinois.

Voici l’éditorial qui anticipe les thèmes de la trentième édition et nous parle de ses premiers invités.

Par Nicola Lagioia

Nicola Lagioia, le directeur du Salon du Livre de Turin

Un livre enjambant un mur, au cours de l’année du Brexit et de l’élection de Donald Trump. C’est une image puissante, confiée au manifeste de Gipi, qui présentera la 30e édition du Salon International du Livre de Turin. Entre une manifestation n’étant qu’une simple vitrine éditoriale, et une conception de la culture capable de marquer, autant que possible, la réalité, nous n’avons pas hésité, dès le départ.

Ainsi, nous avons abordé le travail dans un but très précis : transformer Turin du 18 au 22 mai — mais aussi dans les mois précédents — en un endroit où l’on vient pour comprendre ce qui se passe réellement dans le monde qui nous entoure, de quoi sont faits les temps où nous vivons.

Chaque écrivain, chaque artiste que je respecte, plutôt qu’un contenant « neutre » où s’exhiber, préférera toujours un contexte où les contenus seront placés au centre de la scène pour qu’ils soient traités et même mis en question.

Ce n’est pas un hasard, je crois, si le Salon va s’ouvrir avec le prix Nobel de la littérature Svetlana Aleksievitch, le prix Pulitzer de la poésie Philip Schultz, avec une musicienne telle que Patti Smith, deux véritables novateurs de la forme narrative comme Ben Lerner et Charles D’Ambrosio, un dessinateur tel qu’Igort… Si l’on considère que cela n’est qu’une partie du « pré-Salon », je vous laisse imaginer ce qui se passera en mai.

Une chose qui est peut-être inattendue pour beaucoup, mais pas pour ceux qui travaillent avec passion sur les livres quotidiennement, c’est le fait que dernièrement notre projet a remporté un grand succès auprès de beaucoup d’éditeurs. Ou mieux, nous l’avons construit ensemble et grâce à eux. Comme vous le savez, certains éditeurs ne seront pas là (les amis : nos portes vous seront toujours ouvertes !), mais il est impressionnant de voir que 95 % des éditeurs qui étaient présents il y a un an ont déjà réservé un stand au Salon, trois mois avant l’ouverture.

Il n’est pas improbable qu’en 2017 il y aura plus d’éditeurs à Turin qu’en 2016, et que le Salon sera l’événement où la plupart des éditeurs seront présents, au même moment et au même endroit.

Évidemment, il ne s’agit pas seulement d’une question de nombre, mais aussi de culture. La bibliodiversité est une valeur. Le pluralisme (pas seulement dans le domaine éditorial) est une richesse, et donner de la place à plusieurs voix est toujours mieux qu’écouter un monologue. Si on y réfléchit bien, c’est une des garanties de la démocratie.

Il est évident pour tous qu’une fracture s’est produite dans le monde éditorial italien au cours de l’année passée. Dans un pays où l’on lit de moins en moins de livres, cela n’est pas un bon signe.

Creuser une tranchée n’est jamais une chose raisonnable ni mature. Ce n’est pas un signe de force. Si les livres ne mènent plus le débat, qui va le faire à leur place ? Bien entendu que nous préférons les ponts aux murs.

Voilà comment on peut lire le manifeste de Gipi.

 

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