Par Miranda Martino
Traduction de Marta Somazzi
Cette année, on fête les 30 ans de sa mort et les 90 ans de sa naissance. Turin, la ville où il a vécu la plus grande partie de sa vie, le célébrera avec plusieurs événements qui lui seront dédiés.
Voilà le quai du tram, la voilà.
Elle est debout, immobile, menue, attendant le tram, m’attendant.
Elle attend que je traverse le boulevard, que je monte moi aussi sur le quai en ciment, que je m’installe à quelques pas d’elle. Nous attendons ensemble le tram, elle reste immobile, en regardant fixement le trottoir du côté opposé ; j’enfonce mes mains dans les poches de mon manteau, sous mes doigts j’aperçois mes paumes moites (elles le sont encore, pendant que j’écris), je n’arrive pas à saisir un mot, à creuser une idée, un fil de courage. Je devrais faire quelque chose, me rapprocher, parler. Mais quoi dire ? Comment ? Comment se rapprocher d’une religieuse et lui parler ?
Antonio Mathis prendra son courage à deux mains et découvrira que la jeune femme attendait qu’il fasse le premier pas. Le comptable se mettra à discuter. Et il perdra la raison. Arpino est parvenu à rendre le frémissement des amoureux à travers une prose sèche. Par une langue raffinée et directe, Arpino restitue la sensation d’égarement qui saisit les protagonistes, le lecteur vivant ainsi les froides nuitées hivernales de Turin, perturbées par la passion qui anime le comptable et la religieuse.
ARPINO, Giovanni, Une âme perdue, traduction de Nathalie Bauer, Belfond, 2009, 144 pages
ARPINO, Giovanni, La suora giovane, Ponte alle grazie, 2017, 131 pages

