Site icon La Bibliotheque Italienne

Ils ont tous raison, de Paolo Sorrentino

par Cinzia Dezi

Paolo Sorrentino est le célèbre metteur en scène de La Grande Bellezza qui obtint l’Oscar du meilleur film étranger en 2014 (avec comme protagoniste, son acteur fétiche, le merveilleux Toni Servillo). Avant ce film, son sixième, il y en eut un autre, Il Divo (2008), qui dessinait le portrait de Giulio Andreotti, l’un des politiciens démocrates-chrétiens les plus connus, ayant longtemps gouverné l’Italie dans la deuxième moitié du XXe siècle, entre mystères et scandales, liens présumés avec la mafia ; il était celui qui disait, quand on lui demandait comment il avait fait pour conserver le pouvoir pendant tant d’années : « Le pouvoir ne fatigue que ceux qui ne l’ont pas. » Sorrentino éclaire les ombres de sa carrière. Mais restons sur l’œuvre de ce metteur en scène : il a aussi tourné This must be the place (en compétition au Festival de Cannes en 2011 – prix du jury œcuménique) qui est un film centré sur la figure d’une rock star déprimée, en fin de carrière, incarnée par un excellent Sean Penn.

Avec Ils ont tous raison, on découvre une autre facette de Paolo Sorrentino : celle de l’écrivain. Publié en Italie chez Feltrinelli (et l’année d’après en France chez Albin Michel) le roman Hanno tutti ragione (traduction française de Françoise Brun) date de 2010.

C’est l’histoire de Tony Pagoda, un chanteur napolitain ayant connu la célébrité dans le monde entier, qui pose un regard désabusé sur la vie, soigne son mal de vivre à base d’importantes quantités de cocaïne, couche volontiers avec de nombreuses prostituées, surtout après ses concerts, pour se décharger de l’adrénaline qui l’a envahi. Pendant la lecture, j’ai eu l’impression que le livre était une apologie de l’iniquité, car l’arrogance de l’antihéros, protagoniste débauché, ironique, drogué, est contagieuse et irrésistible. La violence a un grand pouvoir de séduction, comme on le sait. Mais à la fin, Sorrentino renverse la vapeur par une condamnation morale qui mène du crime au châtiment, condamnation qui ne vient pas de la justice, mais de la conscience du personnage. Tony Pagoda a une personnalité borderline, il se drogue pour essayer ainsi de supporter la vie, pour surmonter les limites que le lecteur est supposé maintenir, tout en étant, à la lecture du roman, stupéfié à chaque page. La figure rhétorique qui domine est sans doute l’hyperbole.

Pour conclure, je dirais que le livre adhère tellement à la matière traitée qu’il nous amuse, mais qu’il est aussi prétentieux.

Si vous voulez en savoir plus, voici quelques indications bibliographiques :

Édition italienne :

Édition française :

 

Quitter la version mobile