Overlove, de Alessandra Minervini
Overlove est un roman qui parle d’amour, mais ce n’est pas un roman d’amour.
Overlove est le best-seller de l’année 2016 de la maison d’édition LiberAria. « Seulement deux semaines après la parution du roman — en novembre —, il a fallu procéder à un retirage… Je crois que la raison du succès est à attribuer surtout à la voix — nette et originale — de l’autrice. » Giorgia Antonelli, éditrice.
Qu’est-on prêt à faire par amour ? N’importe quoi, même se quitter.
Anna a une relation avec Carmine depuis trois ans. Carmine est marié et il a une fille. Anna n’en a pas. Ils se retrouvent et se quittent plusieurs fois, dans un tourbillon de passion et de culpabilité.
Carmine est un auteur-compositeur sophistiqué et indépendant qui tente sa chance dans le scénario musical populaire italien, afin de joindre les deux bouts. Il passe ses journées enfermé dans un studio d’enregistrement, en passant tour à tour de sa phase créative à son obsession de contrôler son poids. Aigri et frustré, il n’a pas le courage de changer de vie. Jusqu’au moment où le changement lui est apporté sur un plateau d’argent par Anna. Un gage d’amour.
Dans une région, la Puglia, aux couleurs vives et voilées d’une mélancolie ironique, Anna quitte Carmine. Au début, rien ne paraît avoir changé. Bientôt, le manque devient un sentiment ambigu : il est non seulement la douleur pour quelque chose qui n’est plus, mais aussi la douleur pour quelque chose qui est resté, mais qui n’est pas suffisant.
Autour des deux protagonistes gravite une humanité contemporaine en piteux état : inaffectifs chroniques, artistes égocentriques, maladroits hypocondriaques, les parvenus de l’Europe de l’Est et les Italiens, anciens aisés, qui maintenant sont menacés par la pauvreté bourgeoise.
L’écriture d’Alessandra Minervini avance par soustractions et par fragments, tout en créant une dépendance auprès du lecteur.
On y perd et on y retrouve quelque chose : un amour, une vie, un désir, soi-même.
Voici l’incipit du roman
Une des beautés de cet endroit – au-delà des clichés tels que les trulli, les églises, les frises, les plages, la danse de la pizzica –, c’est la carrière de bauxite.
La bauxite est le matériau à partir duquel on obtient l’aluminium. La carrière n’est pas indiquée sur les guides officiels. Les offices du tourisme ne connaissent pas le chemin. La carrière est hors d’usage. D’un point de vue technique, c’est une chose cassée. Elle ne sert à rien. On ne peut pas en faire de l’aluminium. On ne peut pas s’y baigner. Elle a l’air d’un lac, mais elle n’en est pas un.
C’est un réservoir d’eau naturel. Un lieu qui est aussi inutile que peut l’être la beauté.
Ceux qui s’y rendent, souvent en compagnie de quelqu’un qui connaît les alentours, comprendront tout cela.
Ce n’est pas difficile de comprendre.
Tout ce qui s’est terminé maintenant est né là-bas.
Anna l’avait quitté juste après le concert.
Ce qui arrive à deux personnes après qu’elles se soient quittées, c’est que rien n’arrive. L’impression que rien n’a changé.
Sauf trois éléments : on s’attache de moins en moins aux choses en général. Premièrement.
On préfère la brièveté dans tous ses aspects, y compris les cheveux courts aux cheveux longs. Deuxièmement.
On n’est plus ensemble. Troisièmement.
Cet élément – le troisième – est sans aucun doute celui auquel on s’habitue le moins.
Depuis leur première rencontre – lorsqu’ils se cherchaient jusqu’à en être malades, en s’échangeant de fausses promesses – trop de mois avaient passé sans qu’ils se soient vus ; de sorte que – on ne sait pas quand exactement –, le silence s’était immiscé entre eux. Un silence consumé par pas mal de distances. Dans ce temps suspendu, lui, il s’était déposé en elle, comme une omelette qui vient de se déposer sur un plat recouvert de papier absorbant.
Lorsqu’ils étaient éloignés – ce qui arrivait la plupart du temps –, à cause de la nostalgie, des plumes fleurissaient sur Anna, démesurées, violettes et striées de vert. Le poids des plumes était aussi imprévu qu’un orage et, après un moment, en fonction de la distance qui les séparait, les plumes devenaient insupportables.
Cicatrices oxydées. Avec ce poids sur ses épaules, Anna – nouvelle déesse du manque – avait pris leur histoire et l’avait écrasée comme on fait contre les murs avec ces insectes minuscules que l’on craint, même s’ils ne peuvent pas nuire. Elle n’avait pas cherché une motivation plus convaincante qu’une autre. Après tout, il n’y avait pas vraiment de meilleure ou de pire raison de le quitter. Par contre, il y avait un moment parfait pour le faire. Anna avait coupé court à leur liaison au moment où tout dans sa vie – même si elle en était dégoûtée – semblait valoir plus qu’elle et Carmine ensemble. Si l’on est dégoûté de soi-même – se répétait-elle – mieux vaut être seul.
MINERVINI, Alessandra, Overlove, LibrAria, 200 p.
Traduction de Marta Somazzi
Alessandra Minervini est née à Bari, où elle vit.
Overlove est son premier roman ; en outre, elle a publié des nouvelles dans les revues Colla et Effe. Il est possible de suivre ses publications sur le site www.alessandraminervini.info
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