« Devenir le référent à 360° degrés de la culture italienne à Paris » : un café avec Cristina Piovani, directrice d’Italissimo

L’interview à Cristina Piovani, directrice et organisatrice du Festival Italissimo.

Par Laura Paoletti 

cafe-livre-panoramique

Au bout de quelques minutes de conversation avec Cristina Piovani, on comprend qu’elle est avant tout quelqu’un de très passionné par ce qu’elle fait.

Et de cette passion est né son travail : avocat des droits d’auteur à Rome avant, directrice et organisatrice de l’ambitieux festival littéraire Italissimo à Paris maintenant.

Je l’ai rencontrée au Café Livre, en plein centre d’un Paris où se mélangent les voitures, les vélos, les piétons, les touristes et tout ce qu’on peut trouver un mardi après-midi, à l’heure de pointe.

Je l’avoue : autour de ce café, au début, je posais des questions précises, accrochée à mon rôle de rédactrice, sur ce nouvel événement de l’agenda parisien ; mais rapidement cette interview m’a échappée pour devenir une discussion passionnante, riche, et au final, se résumer à une rencontre entre deux expatriées italiennes.

Madame Piovani m’a raconté l’histoire récente de ce festival qui, lors de sa deuxième édition, a déjà vu défiler des noms importants de la littérature italienne contemporaine (Murgia, Fois, Saviano… entre autres).

Italissimo - La Bibliothèque italienne

Elle m’a décrit la naissance de ce rendez-vous littéraire qui a été inauguré avec la présence d’Alessandro Baricco, lors de la première édition, en 2016.

Né de l’idée de Cristina Piovani, de Fabio Gambaro (correspondant de La Repubblica à Paris) et d’Evelyn Prawidlo (qui cette année a aussi été à la direction de la programmation du Salon du Livre), Italissimo s’impose désormais dans l’actualité culturelle parisienne.

Gambaro et Prawidlo sont les conseillers littéraires du festival, Cristina Piovani en est aussi le moteur ; accompagnés et soutenus par le travail de Legato Agency d’Alexandra Diaconu, ils ont ouvert la porte à une nouvelle conception de la culture italienne en France.

Ou plutôt « des cultures italiennes », car ce festival se veut être un miroir de réalités multiples, principalement littéraires, mais pas seulement : le cinéma, la bande dessinée, les arts plastiques, la musique, la discussion autour des politiques culturelles, le lien entre culture, politique et société.

Italissimo est un festival qui se déplace : des lieux habituels et incontournables des littératures parisiennes et italiennes (La Maison de la Poésie, L’Institut de Culture italienne…) jusqu’aux salles universitaires ou celles de cinéma.

Il intègre de nouveaux aspects à l’idée d’italianité, il en donne une nouvelle image, en laissant un peu de côté celle ancrée dans l’héritage vintage de la « belle époque italienne » des années 1960 tant aimée par les étrangers : la Vespa, la dolce vita et la cuisine. Il essaye ainsi de nous questionner sur un potentiel nouveau rôle des « cultures italiennes » au-delà des Alpes.

Cet événement se construit sur l’idée et la volonté de devenir « le référent à 360° degrés de la culture italienne à Paris », de donner des lignes directrices, de valoriser les nouveautés comme les classiques.

Un festival qui s’engage donc à donner un aperçu plus exhaustif de la culture italienne, un regard plus large, plus approfondi sur tout ce qui est contemporain.

Mais à travers cette démarche, remontent forcément à la surface les différences entre la France et l’Italie, entre leurs conceptions de la littérature et l’importance qu’on lui accorde dans ces deux pays voisins.

Le rôle de l’intellectuel engagé, par exemple, si cher au public français, souvent laissé de côté en Italie ; ou l’importance et l’autorité toutes françaises accordées au monde, contre une attitude italienne plus passive – parfois méprisante ? –.

Se pose aussi la question de la place des femmes dans la culture, un gros débat à lui tout seul : quelle place, quelle reconnaissance, quels moyens d’accès à cette réalité ?

Cristina Piovani - La Bibloithèque italienneVoici quelques-uns des sujets abordés, avec légèreté mais attention, lors de ma discussion avec Cristina Piovani, au lendemain de la clôture de la deuxième édition d’Italissimo, dont Madame Piovani était à juste titre satisfaite.

En la remerciant pour cet échange fort intéressant, je me demande si des événements de ce genre pourraient avoir une influence sur la conception que l’on a en Italie de la culture et de la littérature italiennes.

S’ils peuvent aider à donner un autre regard sur la manière de fonctionner vis-à-vis de la culture, si fragilisée parfois dans le Beau Pays.

Et si l’on peut imaginer un écho capable de renvoyer une image plus positive, quoique complexe.

Pour Italissimo le lien est là : dans le territoire, entre les auteurs, les artistes, avec certaines plateformes de communication (Radio Tre, La Repubblica…), ou avec d’autres rendez-vous littéraires (Festival Pordenone Legge).

De même que la volonté et la démarche de renouvellement et de diffusion de la littérature et de la culture italiennes contemporaines en France.

À suivre, sans aucun doute : ces pistes de réflexion, autant que ce Festival.

 

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