Chaos Calme de Sandro Veronesi

La chronique du roman Chaos Calme; lauréat du prix Strega, du Prix Méditerranée et traduit en plus de quarante langues.

Par Laura Paoletti 

Chaos calme (Caos calmo) de Sandro Veronesi a été publié pour la première fois en 2005. Depuis, il a été traduit dans plus de quarante langues, sa version italienne a été rééditée à plusieurs reprises, et il a gagné le Prix Strega en 2006, le Prix Méditerranée en 2008, ainsi que le Prix Femina étranger. Il a aussi été adapté au cinéma avec Nanni Moretti dans le rôle du personnage principal.

Ce livre est, de fait, ce que l’on définit comme un best-seller. Il a obtenu un grand consensus de la part de la critique et un énorme succès auprès du public.

Effectivement l’histoire est captivante : dès les premières pages, deux événements, assez frappants et aux conséquences importantes, se produisent autour du protagoniste, Pietro Paladini, dans la même journée.

Le quarantenaire producteur de télévision se retrouve soudain à devoir faire face à une situation nouvelle, à un changement radical. Pietro devra réorganiser sa vie en conséquence.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Il décide alors de le faire en s’installant quelques jours dans un endroit calme, mais inattendu, dans le parking de l’école primaire de sa fille. Loin de son travail, loin des autres. Pietro se place là, sur un banc ou à l’intérieur de sa voiture pour réfléchir tout en restant à côté de sa fille.

Mais les jours passent et deviennent des semaines, puis des mois.

Et le monde, que Pietro avait essayé de fuir en s’en tenant à l’écart, vient à lui.

D’un coup toute une farandole de personnages plus ou moins proches du protagoniste vient donc lui rendre visite dans son nouveau « bureau », sa voiture. Et tout un équilibre, très fragile, émerge alors entre lui, ce parking, les passants habituels, les maîtresses de l’école, les autres parents et enfin son entourage proche.

En apparence tout le monde cherche à comprendre pourquoi il ne bouge plus de là, tout le monde veut l’aider, mais en réalité chacun vient déposer son bout d’existence problématique, sa graine de malheur dans cet endroit inattendu, devant Pietro qui a décidé d’écouter davantage les autres que lui-même.

La fin est naturelle, je dirais, elle est exactement là où il faut qu’elle soit.

veronesi excuse

Or, sans entrer dans une analyse trop précise sur le mérite de ce roman et son grand succès, je me permets d’observer une des raisons qui, selon moi, a permis que cela arrive : l’écriture de Sandro Veronesi, dans ce roman, est une écriture extrêmement contemporaine.

Toute dédiée à la parole, interne au protagoniste ou externe. Veronesi mélange avec beaucoup de justesse des dialogues intérieurs et des dialogues entre les personnages ; drôles ou profonds, peu importe, ce sont des dialogues rapides, brillants, jamais banals.

Les descriptions des lieux sont là pour mieux transcrire l’humeur des personnages.

Tout, dans cette écriture, est psychologique, même ce qui en apparence ne l’est pas.

Une psychologie abordée avec passion et mystère, mais aussi avec une touche de fourberie qui fait opérer le charme…

Et le lecteur est pris dans un piège duquel il ne voudrait plus se libérer, tout comme le protagoniste est victime de son propre piège, de sa propre voiture, de son propre non-choix d’avancer.

L’envie du lecteur est donc singulière : ne pas quitter le protagoniste avant que celui-ci, à son tour, n’ait quitté son parking.

Un excellent livre, heureusement, avant d’être un best-seller.

VERONESI Sandro, Chaos Calme, Le Livre de Poche, traduction de Dominique Vittoz, 2010, 535 pages.

VERONESI Sandro, Caos Calmo, Bompiani, 2017, 378 pages.

 

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :