Confessione di un amore ambiguo, de Angelo Di Liberto

Un roman d’amour puissant, qui se situe entre la « littérature de l’oubli » de Pierre Michon et l’énigme policière à la Georges Simenon.

« Un puzzle, une histoire d’amour, un polar ? Cela ne suffirait pas à décrire Confessione di un amore ambiguo. Ce roman troublant et raffiné s’empare tout de suite du lecteur et ne le laisse plus ». 

Amélie Nothomb

Lauri est chirurgien et il est marié depuis 12 ans avec Alma, qui est illustratrice. Ils mènent une vie tranquille, scellée par un amour absolu. Ils habitent Villa Ducrot, sur le bord de mer de Palerme : il s’agit d’une résidence très mystérieuse, ayant appartenu à une vieille famille d’origine française.

Mais une nuit, alors que Lauri plonge dans un étrange sommeil, Alma s’enfuit et laisse très peu de traces : seuls quelques dessins et des bijoux ont disparu. Des indices inconsistants et des pistes absurdes : dans l’espoir de retrouver sa femme, Lauri est obligé de transformer sa vie au jour le jour. Jusqu’à l’épilogue choquant, qui bouleverse à jamais l’existence de Lauri.

La plume d’Angelo Di Liberto est trempée d’une élégante beauté : Confessione di un amore ambiguo est un roman d’amour puissant, qui se situe entre la « littérature de l’oubli » de Pierre Michon et l’énigme policière à la Georges Simenon.

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EXTRAIT :

Deux temps distingués

– Alfredo.

Je perçois quelqu’un qui me secoue. Mes yeux sont remplis de sommeil.

Je ne dors pas bien.

– Alfredo.

Je reconnais ta voix. Elle me chatouille les poils du bras. Je me suis couché tout de suite après le dîner, sur le flanc, et mon visage était tourné vers toi, pour te regarder. Comme chaque soir depuis qu’on est mariés.

– Mmm…, je fais un effort pour te répondre.

Je suis encore endormi, et j’ai un peu mal à la tête, à cause de l’accident de l’autre soir, il y a deux jours.

Tu souffles, et après tu inspires, et après tu utilises tout l’air pour poser ta question :

– Il est où mon tailleur ?

Soudain, tu es agitée. Ta main remplace ta voix. Tu serres mon pouls et c’est du fil barbelé à cinq pointes.

– Lequel ?, je n’arrive pas à fixer mon regard sur ton visage.

Tes yeux convoitent la nuit passée, qui ne s’est pas encore terminée.

J’ai la bouche sèche, il faudrait que je boive. D’habitude, il y a une bouteille d’eau sur ma table de chevet.

– Mais il est où ?

– Ben, dans le placard du couloir, non ?

C’est comme si j’étais enrhumé. Les mots sont sortis de mon nez avec une voix de baryton. J’indique la bouteille pour que tu me la passes. Tu baisses mon bras en toute hâte, tu fais le tour du lit et tu me donnes la bouteille, puis tu sors de la chambre. J’entends tes pas, le bruit syncopé des talons qui bougent rapidement sur les lames de parquet.

Je bois une gorgée pour adoucir mes lèvres et libérer ma langue.

Une odeur de pluie se répand, et pourtant j’avais fermé la fenêtre avant d’aller me coucher. Je n’ai pas envie d’aller voir. C’est toi qui vas voir. L’humidité est l’ennemie de l’encre, elle abîme tes dessins. Tout comme ta mise en pli. Dans cet ordre.

Les orages t’angoissent parce qu’ils font irruption tout d’un coup et se jettent dans la mer.

« Tout finit dans la mer », tu m’as dit une fois.

Je ferme les yeux, je m’enroule dans la couette et je m’endors, je pense que j’ai mal compris tes mots. Si ce n’était pas déjà le cas, je dirais que tu ne vas pas bien : tu as quarante-six tailleurs, presque un tailleur pour chaque semaine de l’année et moi et je ne m’appelle pas Alfredo.

 

DI LIBERTO, Angelo, Confessione di un amore ambiguo, Centauria, 2018.

 

Angelo Di Liberto est né à Palerme. Il a fait ses études à l’Istituto Nazionale del Dramma Antico de Syracuse. Il rédige une rubrique d’information littéraire pour la section dédiée à la ville de Palerme de La Repubblica. Il a fondé « Billy, il vizio di leggere [le vice de la lecture] », un groupe virtuel qui réunit plus de 18 000 participants actifs. Il a également écrit Il bambino Giovanni Falcone, publié chez Mondadori en 2017.

 

Traduit de l’italien par Alexia Caizzi.

 

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