Il y a des jours où je suis heureuse, de Lucrezia Lerro

Un drame féminin sur une maladie qui dévaste le corps et l’âme : la boulimie.

Par Raffaella Forzati

Il y a des jours où je suis heureuse – publié par les toutes récentes Éditions de Lacs – est un drame au féminin. L’auteure, Lucrezia Lerro, nous montre deux femmes, une mère et une fille, seules dans un monde qui est indifférent aux problématiques qui les touchent. Elles n’ont pas de visage, pas de prénom, le seul détail qui caractérise la fille est le surnom que lui donne la mère : « petit écureuil ». Dans ce choix on peut voir l’intention de l’auteure de ne pas raconter le drame d’un individu, mais d’écrire un drame potentiellement collectif : la boulimie. 

À travers les yeux de la mère, nous suivons l’histoire d’une lutte pour la survie dans une petite ville où les habitants sont indifférents à leurs souffrances, voire cyniques.

La mère se voit obligée de se lier à un méchant boucher pour obtenir l’argent nécessaire pour payer la thérapie de sa fille. Elle est prête à tout pour la sauver ; pourtant, à des moments, ses efforts semblent vains.

Le petit écureuil est une jeune fille de vingt-cinq ans qui a beaucoup de rêves à réaliser et une vraie joie de vivre, mais il y a des jours où elle souhaite mourir. Elle a essayé de fuir la mentalité obtuse de son village et espéré que la vie dans une grande ville pourrait être meilleure. Mais elle est poursuivie par ses « démons » intérieurs et finalement elle passe plus de temps à vomir qu’à vivre sa jeunesse.

Il y a des jours où je suis heureuse, publié en Italie en 2008 par la maison d’édition Bompiani, aborde une thématique très actuelle qui reste pourtant encore trop peu abordée.

D’après la Fédération Française Anorexie Boulimie, en France, plus de 600 000 adolescents et jeunes adultes souffrent de troubles du comportement alimentaire. Les personnes touchées sont souvent rétissantes à reconnaitre le problème, et leurs proches se retrouvent complètement désemparés face à un trouble complexe et mortel.

Une des forces du roman – qui a reçu des distinctions comme le Premio Kriterion, Premio di giornalismo e multimedialità Cilento e Vallo di Diano, Premio Angeli nel Cilento – repose justement sur le point de vue de la voix narrative. Il ne s’agit pas d’un psychologue ou de la personne touchée par le trouble. Dans Il y a des jours où je suis heureuse on suit le parcours d’une mère désespérée qui, comme toute mère assistant à l’autodestruction de son enfant, se bat pour le soutenir, le sauver.

Bibliographie française
LERRO, Lucrezia, Il y a des jours où je suis heureuse, traduction de Murielle Herve-Morier, Éditions de Lacs, Pulversheim, 2021, 160 pages.

Bibliographie française 
LERRO, Lucrezia, Certi giorni sono felice, Bompiani, Milano, 2008, 100 pages.

1 Comment on Il y a des jours où je suis heureuse, de Lucrezia Lerro

  1. Merci pour cet article et cette juste analyse du travail de Lucrezia Lerro.

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  1. Conversation avec la traductrice Murielle Hervé-Morier – La Bibliotheque Italienne

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