Une famille comme il faut, de Rosa Ventrella
Une famille comme il faut, de Rosa Ventrella, peut être lu comme un roman d’apprentissage. La protagoniste est Marie, une petite fille rebelle qui deviendra une jeune fille gracieuse tout en gardant dans sa propre intériorité l’esprit rebelle et fou de son enfance.
L’auteure, Rosa Ventrella, nous montre le processus de maturation du personnage depuis l’enfance jusqu’à la jeunesse, dans un contexte social dur et compliqué, celui d’un quartier décadent et malfamé d’une ville des Pouilles, Bari. L’histoire se déroule pendant les années quatre-vingt, dans un quartier pauvre, situé dans la vieille ville de Bari.
Marie vit avec ses parents, son père Antonio et sa mère Teresa, sa grand-mère Antonietta et ses deux frères Giuseppe et Vincenzo. Elle doit faire face à la violence et aux injustices dès l’enfance : son père ne connaît que la violence pour éduquer ses fils, surtout son fils Vincenzo qui, rebelle et indiscipliné, menace de souiller l’honneur de sa famille.
En outre, elle est confrontée à la famille Senzasagne – « sans sang », mot pour mot – composée de personnes qui n’ont pas de scrupules à utiliser la violence pour commettre des atrocités. Le seul qui fait exception est Michele, le plus petit des fils de Nicola Senzasagne. Entre Marie et Michele naît une forte complicité et amitié qui sera le fil rouge du roman et amènera les deux jeunes gens à évoluer. Même s’ils seront obligés de se séparer, le destin fera en sorte qu’il se retrouvent quelques années après. Pendant cette période d’éloignement, Marie a étudié dans les meilleures écoles de la ville, grâce aux sacrifices de ses parents, qui ont tenté l’impossible pour donner à leur fille un destin meilleur que le leur. La culture et l’instruction représentent, en fait, le seul moyen de sauver Marie de la vie mesquine et violente du quartier. Elle sera la première de sa famille à aller à l’université : elle représente l’orgueil et la rédemption de ses parents.
De l’autre côté, Michele a cherché à se détacher de cette malédiction perpétuelle tombée sur sa famille depuis des décennies, et il vit dans l’espoir de revoir son amie d’enfance Marie, qu’il pense disparue.
La rencontre a lieu pendant la fête organisée pour le mariage de Giuseppe : Marie découvre que c’est impossible se détacher de son propre passé, surtout si l’amour entre en jeu. Les deux jeunes gens entament une histoire d’amour secrète, parce que cette relation est empêchée par Antonio qui, après la mort prématurée de Vincenzo, a interdit à sa fille de fréquenter Michele et sa famille, tenue pour responsable du décès.
Dans le cadre de cette intrigue, l’autrice dépeint un milieu culturel et une société qui entrent en collision avec la modernité et rencontrent des difficultés à s’ajuster aux évolutions de l’époque : la ville de Bari est décrite à travers le regard de Marie comme un ensemble de dichotomies, avec d’une part des quartiers développés et riches, et d’autre part des quartier décadents et pauvres, dans lesquels les gens subissent et infligent eux-même des injustices, utilisent la violence comme solution pour défendre leur honneur, vivent dans la pauvreté et l’ignorance et, quand ils ont la possibilité d’embrasser la culture, la regardent avec soupçon et préfèrent se raccrocher aux croyances et aux superstitions. Marie symbolise le lien entre le vieux et le nouveau, le monde qui s’ouvre à une société plus juste, et elle le fait à travers le récit de sa propre expérience de vie, construite par Ventrella comme un ensemble de souvenirs.


Bibliographie française
VENTRELLA Rosa, Une famille comme il faut, traduction de Anaïs Bouteille-Bokobza, Les escales éditions, 2020, 288 p.
Bibliographie italienne
VENTRELLA Rosa, Storia di una famiglia perbene, Newton Compton, 2018, 320 p.
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