Conversation avec Stefania Graziano, organisatrice du Festival Le Printemps Italien
Depuis trois ans, les printemps de Bordeaux ne se remplissent pas que de fleurs : ils deviennent le moment où la culture italienne pousse et s’étale en ville. Et tout ça grâce au festival Le Printemps Italien, né en 2019 d’une idée de l’industrieuse association Notre Italie, qui amène un bouquet d’auteurs, intellectuels et musiciens italiens en Nouvelle Aquitaine.
Nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Stefania Graziano, organisatrice du Festival, au sujet de la prochaine édition qui aura lieu en mars.
Bonjour Stefania, merci d’être ici avec nous pour nous parler du festival Le Printemps Italien. Je commence tout de suite avec les grandes questions : ce festival est le débouché naturel du travail de l’association Notre Italie, mais comment est née l’idée de l’organiser ?
L’idée de faire un festival est née il y a plusieurs années au sein du café littéraire de notre association, pendant les rencontres mensuelles que nous organisons pour discuter de livres. Nous avions invité certains auteurs de livres sélectionnés – parmi eux Dacia Maraini, avec laquelle est née une belle amitié. Au cours de son séjour à Bordeaux, nous avons beaucoup parlé et Dacia m’a poussé à continuer à faire vivre, malgré les difficultés financières, la belle réalité qu’est l’association.

Stefania Graziano est la créatrice du festival Le Printemps Italien
La veille de son départ, je me suis livrée à elle au sujet du Festival, de ce rêve que je cultivais depuis longtemps et que j’aurais aimé concrétiser. J’avais l’impression que dans notre ville, en dépit d’un intérêt grandissant pour la culture italienne, il y avait encore une série d’idées reçues qui persistaient et que de nombreux écrivains de la nouvelle génération restaient malheureusement peu lus en dehors des milieux spécifiques. Le Festival aurait concentré en quelques jours les rencontres qu’on organisait normalement en une année, voire en plusieurs années, et surtout il serait allé à la rencontre des gens, à la rencontre des lecteurs. Un Festival itinérant donc, qui, partant de Bordeaux, aurait rejoint les villes à proximité. J’ai parlé de cette idée avec mon groupe de lecture et puis avec les membres de l’association, qui n’ont pas hésité un seul instant à me suivre dans cette aventure “folle” et merveilleuse.
Votre association est très active même en dehors du Printemps Italien. Est-ce que tu peux nous raconter ce que vous faites pendant le reste de l’année ?
Comme je l’ai dit auparavant, il y a un groupe de lecture qui est actif depuis plus de dix ans et dans lequel se sont créées et renforcées de belles amitiés. Les relations humaines sont le ciment de notre association et plusieurs de nos activités trouvent justement leurs racines du désir de garder en vie cet aspect. Je pense notamment aux visites de Bordeaux en langue italienne ou aux voyages en Italie pour découvrir des lieux insolites en dehors des circuits touristiques.
Et on a encore la cuisine et le vin, avec des cours de dégustation, parce qu’il serait impossible de penser à l’Italie sans parler de sa riche oenogastronomie. Les conférences trimestrielles en langue française et un nombre de manifestations nées à l’occasion d’anniversaires, de journées du patrimoine et d’évènements variées nous permettent de collaborer dans des projets de plus grande envergure avec différentes structures locales.
L’association a également une revue en ligne, Simposio Italiano. Elle héberge de nombreuses rubriques avec des articles en italien et quelques articles en français. Quiconque aime écrire et veut partager avec nous et nos lecteurs sa passion peut contribuer au projet.
L’organisation d’un grand événement est toujours un travail d’équipe : qui collabore avec toi au Festival ?
Avant tout on a le groupe de lecture, d’ailleurs c’est bien là que l’idée du Festival est née. C’est un lieu pour proposer, pour discuter, et seulement plus tard on fait des bilans. Puis on a les membres de l’association, qui sont environ soixante. Bien sûr, ils ne sont pas tous engagés en même temps, mais il s’agit d’une fois sur l’autre de qui a envie de participer et de qui est disponible. Dans un Festival, d’autant plus s’il est construit sur le bénévolat, on a toujours besoin d’un coup de main.
Nous avons en outre décidé de collaborer chaque année avec des associations, des institutions et des universités d’autres villes, françaises et italiennes. Nous invitons un certain nombre de personnes qui nous aident dans la traduction et l’organisation des différentes tables rondes. Aujourd’hui on parle beaucoup de l’importance des échanges et des collaborations : quant à nous, nous avons voulu faire un pas dans cette direction. Il semblerait qu’on ait réussi. De toute façon, le futur nous dira.
La première édition du festival a eu lieu en 2019, puis une année de pause pour un cas de force majeure et la deuxième édition en été 2021. Quel est ton bilan de ces premières expériences ? Avez-vous eu la participation que vous espériez ?
C’est un bilan plus que positif, qui nous pousse bien évidemment à organiser une troisième édition. La deuxième, à cause de la crise sanitaire, avait été annulée à seulement quelques semaines de la date annoncée. Un coup dur pour nous tous, surtout après une année de travail acharné et des pertes qui auraient pu compromettre le futur de Notre Italie. Mais nous avons retroussé nos manches et nous voilà.
Est-ce que tu peux nous donner quelques informations anticipées sur l’édition 2022, qui aura lieu du 16 au 20 mars ? Qui seront les invités de cette année et lesquels attends-tu avec les plus d’impatience ?
Dans l’édition 2022 la littérature, qui continuera à avoir une position prépondérante, sera accompagnée par l’art et la musique, pour donner une idée plus complète de la culture italienne. On va ouvrir le Festival avec une exposition de peintures qui verra exposées les œuvres de plus de vingt artistes provenant de l’Émilie Romagne; les vendredi 18 et dimanche 20 auront lieu deux concerts : celui de l’auteur-compositeur Mario Castelnuovo accompagné par Giovanni Famulari et Stefano Zaccagnini et celui d’Agea Projcet, un jeun groupe né de la rencontre entre certains élèves de l’école Siena Jazz.
La musique, sous toutes ses formes, a toujours accompagné Notre Italie et nous voulons qu’elle soit représentée dans le Festival. Il s’agira d’un moment de convivialité, c’est certain, mais aussi d’une occasion – nous l’avons particulièrement à cœur – pour valoriser et encourager les échanges entre générations.
En plus de tout ça, on parlera d’actualités et d’histoire avec le journaliste Ferruccio De Bortoli.
Il n’y a pas un invité que j’attends avec plus d’impatience qu’un autre, chaque rencontre prévue sera une belle découverte.
En Italie Sanremo vient de se terminer et la saison des festivals littéraires va bientôt s’ouvrir. Y a-t-il un événement particulier qui, même de la France, tu ne rates jamais ?
De nos jours les festivals littéraires en Italie sont vraiment nombreux, ce qui ne peut que me rendre heureuse. Les italiens ont beaucoup d’idées et d’envie de faire et on peut se réjouir qu’ils les expriment dans ces occasions où on parle de culture et où on peut avoir un contact direct avec les lecteurs, de plus en plus nombreux. Je suis différents événements, mais il y en a un, Salerno Letteratura, qui me tient particulièrement à cœur. J’en ai beaucoup parlé avec l’écrivain Paolo di Paolo qui a récemment été parmi nos invités et qui a intégré nos directeurs artistiques. Qui sait si on ne peut pas créer un autre pont !
Révision linguistique par Ange Coti et Camille Sourisse
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