Conversation avec Jean-Paul Vormus, président de l’association Toulouse Polars du Sud
Depuis quatre ans, Jean-Paul Vormus est le président de l’association Toulouse Polars du Sud. À l’occasion du dixième anniversaire du festival consacré à la littérature policière, nous l’avons rencontré pour en savoir plus sur l’histoire de cet évènement.
Jean-Paul Vormus, depuis 4 ans vous êtes le président de l’association Toulouse Polars du Sud. Comment est-elle née ? Voudriez-vous nous en raconter l’histoire ?
L’idée est née dans un petit cercle toulousain de passionnés de roman policier. Il y a dix ans, tous les trois ou quatre mois, on se retrouvait régulièrement autour d’une table dans un restaurant pour discuter des derniers romans qu’on avait lus. À un moment donné, on s’est dit que ce n’était pas normal qu’à Toulouse, la quatrième ville de France, il n’y ait pas de festival consacré à ce genre littéraire. En 2008, nous avons décidé de créer l’association Toulouse Polars du Sud et l’année suivante nous avons organisé la première édition de notre festival. Dans le groupe initial de l’association, il y avait des libraires, des bibliothécaires… nous étions tous des passionnés du roman policier.
Comment est née votre passion pour ce genre littéraire ?
C’est un peu à cause de mon grand-père, qui lisait beaucoup de romans policiers. Quand il est mort, j’étais encore petit, mais par la suite j’ai hérité de toute sa collection. Adolescent, je lisais plutôt de la science-fiction, mais après quelques années j’ai commencé à lire sa collection et je me suis découvert une grande passion pour le genre.
Que répondez-vous à ceux qui disent que le polar est un genre de série B ?
Je leur dis qu’ils n’ont jamais vraiment lu un polar. Beaucoup de gens disent que c’est de la sous-littérature, mais je crois qu’ils n’en ont jamais lu un seul. Certes, comme quand on parle de littérature en général, il y a des bons écrivains et des mauvais, mais je considère les écrivains de polars comme d’excellents écrivains. À ces gens, je dis : tant pis pour vous !
Le polar est un genre qui en réalité englobe plusieurs sous-genres très divers selon la partie du monde où ils ont été écrits. Le polar scandinave et le méditerranéen, par exemple, sont très différents. Comment définiriez-vous, alors, le genre du polar ?
En effet, dans la définition du polar, nous trouvons beaucoup de choses : le roman policier historique, le thriller, le roman noir, qui sont déjà assez différents les uns des autres. Et si l’on parle de roman policier nordique et méditerranéen, il y a des différences mais aussi des similarités : partout dans le monde, le roman policier met en scène un meurtre à résoudre. La différence dans ce cas est culturelle, puisque chaque culture exprime cette structure de base de façon différente. Les Suédois n’ont pas la même culture que les Italiens, et écrivent leurs livres différemment.
Que pensez-vous de la fonction sociale du polar ? Est-elle née en Europe du Nord avec le succès de la saga Millenium de Stieg Larsson ?
C’est vrai que le polar a une fonction sociale, mais c’est beaucoup plus vieux que Millenium ! Dans ce qu’on appelle le roman noir, à la différence du roman policier, il peut ne pas y avoir de meurtre du tout. Ce genre de roman est né avec la crise économique de 1929 aux États-Unis ; et à partir des années 30, les auteurs américains ont commencé à dénoncer la corruption de la société, de la police, etc. Ils décrivaient la société telle qu’ils la voyaient et à cette époque elle était quand même passablement pourrie. Cette idée de s’intéresser à des aspects marginaux de la géographie et de la société reste la marque du roman noir. Depuis les années 30, il a continué à s’intéresser à des problèmes de société.
Dans le panorama du polar italien, y a-t-il des auteurs, contemporains ou plus anciens, qui vous ont spécialement fasciné ?
Il y en a plein ! Je vais sûrement en oublier, mais je peux commencer par citer les deux auteurs présents aujourd’hui : Mimmo Gangemi et Valerio Varesi, invité à notre festival pour la troisième année consécutive. Un auteur qu’on apprécie beaucoup. Ensuite, Carlo Lucarelli qui était invité l’année dernière. Ou encore Antonio Manzini, Maurizio De Giovanni et, bien sûr, Andrea Camilleri, ça va de soi.
Coucou Jean Paul
Je te retrouve … combien d’années depuis notre voyage au Portugal !!
Bisous
Marie CALMETTE